Fragment de ma personnalité numéro 2 : on retourne quinze, vingt ans en arrière. Je suis au collège, j'ai 13 ans, je vis ma première peine de coeur, je commence à avoir des différents avec mes parents, je suis très timide et j'ai même peur de certaines de mes copines qui ne sont pas toujours tendres avec les gamins plus sages et "ennuyeux". Ce qui est totalement mon cas.
Je découvre par hasard l'album "Fallen" d'Evanescence à la médiathèque, le rock, le métal, cet univers plus sombre et avec une identité forte. J'ai envie de l'adopter et de montrer au monde que je ne suis pas juste une petite fille sage qui aime lire et qui ne veut surtout pas faire de bêtises. Je veux sembler "dure à cuire" alors qu'en réalité, je suis honteuse d'être une première de classe, parce qu'être "une intello", c'est tout sauf cool à cet âge-là.
Le style emo-gothic que j'adopte petit à petit, c'est la carapace que j'ai choisie pour traverser l'adolescence. C'était une armure autant qu'un reflet de toutes les émotions qui m'habitaient, clairement exacerbées par la puberté - je ressens tout tellement intensément, je me sens profondément incomprise, triste et seule. Je me sens en décalage, pas à ma place, parfois invisible et pas réellement aimée par mes proches.
Sincèrement, je garde d'assez mauvais souvenirs de mon adolescence. Je ne suis certainement pas la seule. C'est une période où on se cherche, on a parfois du mal à se trouver, on a toujours l'impression d'être trop jeune pour faire ceci ou cela, et pourtant plus un.e enfant.
Le jour de mon trentième anniversaire, je parlais avec des copines d'enfance qui ont le même âge que moi, et certaines me confiaient que le cap des trente ans avait été un peu difficile à accepter. Je crois que finalement, je suis réellement heureuse d'avoir grandi, muri, d'être très loin de la Camille de 15 ans qui était mal dans sa peau et dans sa tête. Ma vie n'est pas parfaite, mais je me connais mille fois mieux, je me suis trouvée, j'assume davantage qui je suis et ce que je veux dans la vie. Et je suis vraiment contente de ne plus être cette jeune fille paumée et triste.
De ces années d'adolescence, j'ai tout de même gardé l'amour de la musique. Mes meilleurs souvenirs de lycée, c'est les moments avec mon groupe de rock avec des copains. On répétait toutes les semaines, on faisait tous les concerts qu'on pouvait (notre plus cocasse étant l'équivalent de la fête de la châtaigne dans un village du 49). On a fait des tremplins musicaux, on a enregistré un album live en studio, on se sentait comme des artistes, on était passionnés. J'espérais vivre de ma musique, j'ai fini par comprendre que ça ne serait pas le cas, mais c'est toujours resté ma plus grande passion.
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